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Il faut maintenant déterminer aussi fort brièvement l’influence politique qui les accabla. Elle se dessina surtout dans les dernières années d’un règne si brillant aux yeux de la foule. Louis XIV eut un seul but politique, bien appréciable et bien constant, la prédominance sans partage de l’influence française, c’est-à-dire de sa couronne, sur toute l’Europe. De cette idée ambitieuse et déraisonnable, mais grande, découlait aussi l’établissement de la religion du prince.

Vers le commencement du xviiie siècle, l’étoile victorieuse de Louis XIV pâlit tout à coup. En acceptant la couronne d’Espagne, héritage du faible et irrésolu Charles II, au profit de son petit-fils Philippe, duc d’Anjou, le monarque français avait déchiré le traité de Ryswick, trois ans après sa signature ; il avait prononcé ce grand mot politique : « Il n’y a plus de Pyrénées. » Et ces paroles superbes armèrent, 1700. toute l’Europe. Cependant le roi n’avait point formé de dessein plus vaste et d’une politique plus hardie. Il eut l’idée de contenir la maison de Savoie, prétendant à la succession d’Espagne ; d’abaisser la maison d’Autriche, en excluant du trône espagnol l’archiduc Charles, héritier des droits de la maison d’Habsbourg ; de détruire la révolution religieuse et politique de l’Angleterre en proclamant roi d’Angleterre et d’Irlande le prétendant, fils de ce Jacques II, qui venait de mourir à Saint-Germain entre les bras des jésuites, dont les conseils l’avaient détrôné. Ainsi la France attaquait à la fois la prééminence de l’empire catholique autrichien et les intérêts de la ligue protestante. Suprématie politique absolue, avec l’unité religieuse générale, tel fut le projet gigantesque d’un monarque que tant de victoires avaient enivré. Louis ne put résister aux puissants intérêts que son ambition devait