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toire du ministre Claris se rapporte aux questions du juge sur le fait de la déposition du ministre Boyer, déposition sur laquelle nous reviendrons ; elle fut prononcée pour « quelques fautes », et le ministre Claris prit part à ce jugement avec ses collègues Combes, Roux, Courteis, et Bétrine. Toutefois notre extrait suffira pour faire apprécier le singulier caractère de ces procédures. La simplicité et la fermeté des réponses ; la hardiesse avec laquelle l’accusé convient d’un crime puni de mort par les édits ; les questions captieuses du juge ; le soin que met le ministre à ne dénoncer ni aucun des fidèles qui l’avaient accueilli, ni aucun des endroits où il avait trouvé asile ; tous ces détails marqués d’un si grand cachet de vérité qu’il donne sur ses travaux de pasteur : tout cela dévoile et le caractère des juges, et le courage des ministres, et l’espèce de justice dont ils étaient environnés.

En l’absence d’aussi irrécusables témoignages que les pièces mêmes du dossier, on aurait beaucoup de peine à croire aujourd’hui, qu’un juge d’un esprit aussi solide et aussi logique que Novi de Caveirac, ait pu ainsi venir froidement interroger un homme au criminel pour des faits de ce genre, ait pu transformer en actes coupables l’exercice pur et simple de fonctions aussi salutaires, et qu’il ait fini par parapher comme pièces de conviction un manuscrit de sermon et des passages de l’Écriture Sainte. Mais il y a un siècle, les idées de tolérance étaient fort obscures encore, surtout dans le midi de la France. Aussi, par cet interrogatoire, le ministre Claris, formellement convaincu, par ses aveux mêmes, du crime de pastorat, était condamné à mort par le texte précis de l’édit de 1724, et d’une foule d’autres.

Environ un mois après cette première instruction,