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le cas très-rare, que le détachement de cinq soldats, qui saisit le ministre, était commandé par un officier réformé, nommé Clapiès. Claris fut conduit aux prisons d’Alais, et il fut interrogé quatre jours après. L’interrogatoire minutieux qu’on fit subir à ce ministre, qui devait être condamné à mort suivant le texte formel des édits et surabondamment de la déclaration de Louis XV, en 1724, forme un tableau bien frappant. La multiplicité des questions, la netteté et la fermeté des réponses, la franchise avec laquelle l’accusé convient du crime de son état, tout cela fait ressortir mieux que tous les raisonnements le genre de législation qui pesait alors sur les églises ; tout cela honore les ministres et flétrit leurs persécuteurs. Quelques extraits de cette procédure, outre qu’ils offrent le spectacle qui nous semble inouï maintenant d’un ministre interrogé au criminel simplement pour avoir exercé ses fonctions évangéliques, nous fourniront le moyen de mieux apprécier la forme de cette étrange jurisprudence, et nous révéleront plusieurs détails très-intéressants sur la nature du culte et sur l’exercice dangereux des devoirs du ministère.

« Par-devant nous, Raimond Novi de Caveirac, conseiller du roi, principal en la sénéchaussée de Nîmes, subdélégué de l’intendance de Languedoc, en conséquence des ordres à nous adressés par monseigneur de Bernage de Saint-Maurice, avons mandé venir des prisons par-devant nous, dans une des salles de la citadelle, l’accusé, qui a déclaré se nommer Barthélemi Claris, âgé de trente-cinq ans, originaire du lieu de Lussan.

« … Interrogé en quel lieu il a resté depuis qu’il a quitté la maison de son père,