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des églises du désert.

grandes suites. L’année même, et presque au même moment où les restes de Newton furent déposés à côté des rois sous les voûtes magnifiques de Westminster, 1727. un autre tombeau s’ouvrait à Paris pour recevoir le corps du diacre Pâris, qui fit éclater tant de miracles dans le cimetière de Saint-Médard, à quelques pas de ce palais des Patriarches, où les huguenots se réunirent tumultueusement sous Charles IX. Bientôt le fanatique successeur du cardinal de Noailles, Vintimille, voulut excommunier les adeptes de tous ces prodiges ; mais le parlement résista et parut prendre le parti des convulsionnaires. C’était d’ailleurs l’époque bizarre où La Condamine, d’une part, certifiait les miracles du tombeau de Pâris, et d’autre part s’embarquait pour aller mesurer un degré au pied des Andes du Pérou, malgré les jalousies du gouvernement colonial espagnol. Toutes ces bigarrures de l’administration du cardinal de Fleury, qui éclataient, tantôt dans ses mesures de pacification extérieure, tantôt dans ses mesures théologiques internes fort contraires au calme des esprits, nous expliquent presque la singularité de sa conduite à l’égard des églises. De plus, l’esprit parlementaire des juges de Paris s’était développé pendant une longue paix, et c’est surtout sous ce rapport que les églises réformées se ressentirent ; de la marche presque théologique des pouvoirs judiciaires de cette époque.

En effet, les parlements formaient la grande autorité, avec laquelle les églises du désert étaient sans cesse en contact. Ils conservaient le terrible dépôt des édits de Louis XIV. Les lumières et l’indulgence seules des magistrats pouvaient en modifier l’application. Aussi la conduite des parlements, dont nous aurons très-souvent occasion de parler, est un des traits les plus