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nal de Fleury, homme doux et éclairé, incapable de sévir contre les églises protestantes pas plus que contre les autres partis politiques ou religieux. Tout contribuait à consolider un cabinet modéré : la douceur du jeune roi, le calme trompeur de ses passions, l’âge de son gouverneur et ministre, qui avait 73 ans lorsqu’il prit le timon des affaires. De plus, le cardinal de Fleury était né à Lodève ; il avait été pourvu d’un canonicat à Montpellier. Il avait donc connu la1668. province du Languedoc dans ces temps encore heureux, bien antérieurs à la révocation, où les églises étaient prospères et où les populations pouvaient s’avouer protestantes. Pendant de longues années, l’abbé de Fleury, pourvu de l’évêché de Fréjus, dut vivre loin de la cour (1698-1715) ; il avait passé dans un port relégué de la Provence toute l’époque de la guerre des Camisards ; et occupé des soins et des visites multipliées de son diocèse, il avait pu se convaincre du nombre des populations réformées du Languedoc, de leur constance, et de la vanité de cette dénomination dérisoire de nouveaux convertis. Nous verrons en effet que la correspondance officielle du Languedoc avec le gouvernement prit absolument cette couleur. Un trait de son gouvernement que nous devons noter et qui rentre, jusqu’à un certain point, dans notre sujet, ce fut le soin constant que prit le cardinal à maintenir la politique du régent, et à resserrer l’alliance entre son maître et le gouvernement d’Angleterre. Il y trouvait Walpole, comme lui politique cauteleux et prudent, ennemi des moyens extrêmes, qui sans doute par ses conseils eût désapprouvé toute persécution trop ouverte des protestants français. Leur union fut cimentée lorsque le cardinal, confirmant Gibraltar à l’Angleterre, et consoli-