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des églises du désert.

cessé de chérir. Nous sommes heureux de consigner ici le tribut de notre reconnaissance envers un ami éprouvé des églises de France, dans les jours de leur deuil comme dans les jours de leur prospérité.

Nous ne manquerons pas, en poursuivant notre histoire, de nous arrêter sur les renseignements que nos pièces nous fourniront touchant les études et l’influence si utile du séminaire français établi à Lausanne, qui fut l’institution la plus précieuse que les églises du désert aient fondée pendant le dix-huitième siècle. La calomnie ne manqua point d’atteindre et cet établissement évangélique et le comité genevois des amis des églises. Elle se fit jour jusqu’en 1787, lorsqu’un prêtre fougueux, l’abbé Lenfant, ranimant toutes les vieilles haines de la société des jésuites, dont il fit partie, obsédait le Conseil de Louis XVI par ses remontrances fanatiques. Cet établissement de Lausanne, destiné à former, sous le règne de Louis XV, des pasteurs prudents et moraux, et dont la fidélité à leur roi et la patrie ne se démentit jamais, fut dépeint à Louis XVI comme « soudoyé par deux puissances étrangères. » — « Le voile du mystère qui couvre ces rapports entre les ministres d’une secte essentiellement anti-monarchique et des gouvernements républicains, suppose un projet ténébreux ; ce secret seul suffit pour donner des inquiétudes au gouvernement[1]. » Ces insinuations mal-

  1. Discours à lire au Conseil en présence du roi, par un ministre patriote, sur le projet d’accorder l’état civil aux protestants. 1787, p. 154, ouvrage où tous les arguments en faveur de l’intolérance sont reproduits avec une logique perfide, attribué à l’abbé Lenfant, qui périt si malheureusement sous les coups des assassins des prisons, en septembre 1792. Ce jésuite, comptant l’existence du séminaire de Lausanne au nombre de ses griefs contre les protestants français, avait pris des informations sur cet établissement redoutable auprès d’un confident de l’évêque de Lausanne, de Lentzbourg. « C’est un