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des églises du désert.

frères. » En vain cette assemblée avait-elle journellement sous les yeux le tableau des dangers sans nombre auxquels les réunions exposaient ceux qui s’y rendaient, elle prit l’arrêté suivant, remarquable par sa vigueur : « On écrira une lettre circulaire adressée aux protestants sous la croix pour leur faire connaître l’obligation indispensable où ils sont de se rendre dans les assemblées de piété, toutes les fois que la divine Providence leur en fournira l’occasion ; et cela pour obéir aux lois divines, qui nous ordonnent de rendre à l’Être Suprême un culte religieux et public ; si après avoir été suffisamment instruits de la nécessité de ce devoir, ils refusent de le remplir, ils seront déclarés s’être séparés de l’église du Seigneur et n’être plus ses enfants, mais des lâches, des timides et des tièdes, que Dieu vomira de sa bouche » (art. 6). De plus, les fidèles furent sommés de ne pas se rendre uniquement aux assemblées où la sainte Cène se célébrait, mais à toutes indistinctement. L’excommunication fut encore notifiée à tous ceux qui « feraient profession de danser dans les temps d’afflictions où l’église se trouve. » Enfin une mesure plus générale décida qu’un pasteur serait désigné pour aller rétablir la discipline dans les églises protestantes (Syn. des Cévennes, mss. Rab. St.-Ét.). Jamais, depuis la révocation, on n’avait pris des mesures plus vives et plus formelles. Les décisions des synodes, en contradiction si flagrante avec toutes les dispositions du barbare édit de 1724, forment un des monuments les plus courageux de la foi de cette époque, où la piété des Cévenols semblait avoir contracté de nouvelles forces dans les malheurs qu’ils avaient traversés.

Cependant ces règlements vigoureux, inspirés pour