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des églises du désert.

fut dans ce dessein que j’écrivis à Londres, en Hollande, en Suisse et à Genève. Mes lettres étaient des plus pressantes et contenaient les tableaux les plus propres à émouvoir. Combien ne cherchais-je pas à les exciter à jalousie, et à faire naître chez eux une salutaire confusion, en leur représentant des cardeurs de laine, des tailleurs d’habits, des garçons de boutique, des jeunes gens sans étude qui remplissaient l’œuvre à laquelle ils avaient été appelés eux-mêmes, et qui vérifiaient à la lettre ces paroles de l’Évangile : Si ceux-ci se taisent, les pierres mêmes parleront. Mais toutes mes semonces furent inutiles. Elles n’engagèrent pas même un pasteur à rentrer dans le royaume. C’eût été augmenter les dangers du troupeau ! La grande raison était qu’on ne se sentait pas de vocation pour le martyre ; et le martyre, dans cette périlleuse mission, était comme inévitable.

« Après cela quel parti restait à mon zèle ? Je n’en vis pas d’autre que celui de l’établissement d’un séminaire, où les jeunes gens en qui je trouverais le plus de bonne volonté pour se consacrer au salut de leurs frères, pussent être envoyés pour y acquérir les lumières et les connaissances nécessaires, et s’y mettre en état de servir ensuite les églises avec fruit. Mais il fallait pour cela des secours, et les églises n’étaient pas en état elles-mêmes de les fournir. Comment l’auraient-elles pu ? elles qui, jusqu’alors, n’avaient pas même pu assigner des émoluments à ceux qui sacrifiaient tous les jours leur vie pour elles, et qui, lorsqu’elles commencèrent à le faire, ne purent porter ces émoluments, ainsi que je le réglai moi-même dans un synode, qu’à environ 3 liv. sterl. par an pour chacun.

« Il fallait donc chercher ailleurs ces secours ; mais