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conscience à lui exposer. Là, quatre heures entières l’attendent ensuite pour le voir debout et bien occupé ; il est trop aimé, il est trop rare, pour trouver là la fin de son travail. Il faut qu’il essuie les compliments d’une foule de gens qui se jettent sur lui, dont il n’y en a aucun qui ne lui baise la main et ne lui demande l’état de sa santé. Cela finit pourtant. »

Nous avons cité ce long extrait du rapport d’une visite pastorale du ministre Court, parce que nulle autre pièce n’aurait pu donner un tableau aussi fidèle et aussi vrai des travaux de ces prédicateurs, qui se consacrèrent à ranimer le culte protestant, et à réorganiser l’église. On remarquera avec quelle profonde simplicité, et sans prétendre s’en attribuer le moindre mérite, les pasteurs de cette époque relatent des courses de près de cent lieues, dans la position la plus difficile, environnés de mille dangers[1]. Cette pièce est également précieuse, comme nous permettant d’apprécier l’état précis du culte, des exercices, et des populations protestantes, dans la seule partie du royaume, où les églises se fussent rassemblées de nouveau, où le culte eût repris quelque régularité, et tout cela se passait dans un pays couvert de garnisons, pour ainsi dire, sous le feu même des troupes qui avaient l’ordre de s’y opposer.

Il est évident, par les faits de cette tournée, que le culte renaissait plus rapidement peut-être qu’on n’eût osé l’espérer, et que tous les jours, de nouveaux membres qui s’étaient tenus à l’écart, se ralliaient à la cause persécutée. Sans doute, de pareilles visites accomplies avec un si singulier mélange de courage et

  1. Voy. Pièc. justif. no iv le tableau général de cette tournée, extrait de nos pièces, à l’aide duquel on pourra suivre cette expédition du pasteur du désert, sur la carte du Languedoc.