Page:Coquerel - Histoire des églises du désert, Tome 1.djvu/200

Cette page a été validée par deux contributeurs.
186
des églises du désert.

dèles qui n’avaient pas pu assister à nos autres assemblées, 26 juin.de leur accorder la consolation qu’une très-pressante faim nous demandait. C’est ce que nous fîmes la nuit du samedi. Le mardi suivant j’assemblai 29 juin.
2 juillet.
les églises d’Alais, de Saint-Paul-Lacoste et de Générargues, et le vendredi, celles de Peyrol, de Saumane, de Saint-Roman, de Moissac. Je réservai le dimanche pour assembler les églises de Saint-Jean-de-Gardon, de La Salle, d’Anduze. L’assemblée fut belle et nombreuse. Le paysan s’y vit accompagné du noble et du bourgeois. Si le calcul est juste, quatre pauses de psaume et tout le cantique xie furent chantés pendant la communion, qui se fit pourtant fort à la hâte ; pressés que nous étions par les rayons ardents du soleil qui donnait perpendiculairement sur nos têtes, et nous servant d’ailleurs d’une coutume qui, dans son usage, fait qu’un pasteur aidé d’un ancien fait communier presque autant de personnes que s’ils étaient deux. Mais pourquoi, vous dira-t-on peut-être, des assemblées si nombreuses ? N’en craint-on pas les conséquences ? Il est des lieux où il serait bien difficile de les faire d’une autre manière. Le nombre des fidèles y est grand, le zèle empressé, la faim dévorante, les prédications rares, les pasteurs encore plus ; on épie l’occasion, on s’en saisit ; et pour éviter le trop grand nombre, il faut que le pasteur se cache, qu’il use de stratagèmes comme à la guerre ; on le suit à la piste. Il y avait huit jours que des fidèles de ces lieux étaient en mouvement pour épier cette dernière occasion. Et l’économe du père de famille peut-il interdire aux enfants de la maison le pain sacré de la parole, ce pain qu’on lui demande non seulement avec empressement, mais même avec larmes. Non, dira-t-on, mais il faudrait multiplier les