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des églises du désert.
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premiers collègues, parmi lesquels nous devons citer les pasteurs P. Courteis, Bourbonnous, Betrine et Rouvière (Certificat dél. au min. Pierredon du 21 nov. 1718. Or. Mss. P. R.). De plus, il était impossible de fixer la circonscription de leurs églises avec la netteté que les anciens règlements de la discipline exigeaient. On se rassemblait où l’on pouvait et quand on pouvait, suivant les mouvements des troupes. C’était pour chaque pasteur une affaire d’occasion et de courage qu’il était impossible de régler. Les premières délibérations synodales eurent plutôt pour résultat, de répandre quelques principes d’ordre, que de le rétablir tout à fait parmi ces fidèles sur lesquels l’orage grondait encore. De là est arrivé que des ministres fervents et intrépides se firent une loi, non de résider en un endroit spécial où ils eussent pu être découverts et où leur action eût été restreinte à la localité, mais ils entreprirent de longues courses et des visites nombreuses dans tout le district protestant. Devenus missionnaires par la force des choses et le malheur des temps, leurs voyages eurent l’immense avantage de porter les secours spirituels à de vastes contrées, couvertes de communautés éparses. Sous la vieille discipline, dont la persécution avait abrogé plus d’un article, les coureurs auraient été sévèrement réprimés ; mais la nécessité des temps rendait alors ce genre de ministère nomade également utile et périlleux. Ce furent ces visites, exécutées avec suite et avec une infatigable ardeur dans les districts du midi, où nul ministre régulier ne pouvait s’établir, qui contribuèrent le plus à nourrir l’ancienne piété, et à empêcher les vieilles églises de s’éteindre, en quelque sorte absorbées par le prosélytisme vigilant du clergé de l’État, et sans cesse tourmentées