Page:Coquerel - Histoire des églises du désert, Tome 1.djvu/183

Cette page a été validée par deux contributeurs.
169
des églises du désert.

dèles qui n’allaient pas les livrer aux bourreaux, ou qui leur donnaient asile. Nous verrons plusieurs réformés subir cette noble flétrissure. Au surplus, les intendants eux-mêmes reculèrent souvent devant l’obligation de faire monter à l’échafaud les pasteurs, pour le crime simple de prêcher l’Évangile ; nous les verrons au contraire correspondre directement avec des ministres, sur lesquels, par cette qualité, l’arrêt capital restait toujours suspendu. Rarement les garde-malades et sages-femmes exécutèrent l’injonction de l’art. 3, parce que les protestants avaient l’attention toute simple de ne s’entourer que des leurs, ou de gens incapables de trahir de tels secrets. À chaque année du siècle, nous verrons les art. 4, 5, 6 et 7 de la déclaration cassés cent fois par les pasteurs comme par les laïcs, qui non seulement se gardaient bien d’envoyer leurs enfants aux instructions de la religion qui les persécutait, mais qui fondèrent une académie étrangère pour le ministère sacré. Ce fut de là, c’est-à-dire de Lausanne, qu’un grand nombre de jeunes ministres, tout prêts au martyre, revenaient parmi eux pour le braver. Cependant, les articles autorisant l’enlèvement des enfants et leur assistance forcée aux écoles catholiques, donnèrent lieu, par leur application obstinée, à de cruels désordres. L’autorité paternelle fut méconnue sous le prétexte de conversions qui souvent disparaissaient un peu plus tard. On ne vit presque jamais les médecins et autres gens de l’art accepter le rôle que la déclaration leur assignait par son art. 8, en les obligeant à dénoncer leurs malades. Le plus communément, avertis par le bruit public d’une agonie qui allait leur échapper, des prêtres venaient s’asseoir, malgré toute une famille en pleurs, au chevet d’un mourant qui les