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histoire.

débile adolescent, ne remit le pouvoir au duc que dans le dessein bien arrêté de cultiver soigneusement le crédit nécessaire pour le lui ôter sans retour. Cependant l’apparition de la maison de Condé à la direction des affaires de France fut comme destinée, par une bizarre fatalité de cour, à mettre le dernier sceau aux calamités qui pesaient sur les églises réformées.

Pour expliquer, ou au moins pour tâcher de concevoir la violence inouïe que le duc de Bourbon montra contre les protestants dans son passage au premier poste de l’État, il faut reprendre les choses de plus haut. La maison de Condé, qu’il représentait, issue d’un frère d’Antoine, roi de Navarre, père de Henri IV, avait vu une formidable concurrence, dans la ligne des princes du sang, naître contre elle par la résurrection de la nouvelle branche d’Orléans, provenue d’un frère de Louis XIV. La rivalité des deux maisons ne tarda pas à se faire jour, plutôt, il est vrai, par des intrigues que par des querelles. Lors du 1713.
15 mars.
traité d’Utrecht et de l’enregistrement des lettres patentes, qui confirmaient la renonciation de Philippe v à tous droits sur la couronne de France, le duc de Bourbon, alors un jeune homme de vingt-un ans et d’un esprit plus que médiocre, s’avisa, contre ses intérêts évidents, puisque la renonciation le rapprochait du trône, de protester en secret. Le véritable motif de cette ambition maladroite fut sans doute, que l’absence du duc d’Anjou et de sa ligne était encore plus favorable à la maison d’Orléans qu’à celle de Condé. Toutefois, sous la régence, un intérêt, ou plutôt une vanité commune, rapprocha les deux branches. L’impulsion vint du duc de Bourbon. Le régent eût laissé volontiers les princes légitimés, le