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conseils du régent pour les affaires séculières, ne pouvaient fermer les yeux aux maux de la révocation et à l’idée utile de rappeler les fugitifs dans leur patrie. Cherchant à tourner les édits de Louis XIV par une marche adroite plutôt qu’à les renverser d’un coup, ils communiquaient au régent la pensée de former une colonie de rappelés à Douai, qui aurait pu s’embellir ainsi d’un centre brillant de manufactures et d’industrie. Dans cette ville de refuge pour les bannis, les vieux temples calvinistes eussent relevé leurs sanctuaires. Le midi du royaume, si nouvellement délivré des désastres des Camisards, n’eut point vu les imaginations ardentes de ses contrées réveillées par le retour triomphal de ses confesseurs, et par leur choc contre un clergé dans l’attitude des vaincus. Ces vœux fort sages prenaient naissance dans le conseil de l’intérieur, où le duc d’Antin présidait. Mais à côté de ce comité purement administratif siégeait pour les affaires religieuses le conseil de conscience, présidé par le cardinal de Noailles, et où figuraient l’archevêque de Bordeaux, le chancelier d’Aguesseau, l’abbé Pucelle. Le trop fameux Lavergne de Tressan, évêque de Nantes, en était le secrétaire ; ce prélat aussi persécuteur que roué, préparait dès cette époque ces armes meurtrières qu’il ne montra tout à fait qu’après la mort du prince qui

    prouvant au contraire que jamais le culte ne fut extirpé de ces deux provinces, donnent un démenti formel aux dépêches intéressées des commandants. Il a également tort de prétendre que le peuple protestant dauphinois « plus intéressé que religieux, entra en accommodement. » Rien ne justifie cette opinion sur le caractère d’une province où, plus tard, un ministre monta sur l’échafaud plutôt que d’abjurer, et dont les nombreux martyrs fatiguèrent la jurisprudence barbare du parlement de Grenoble. J’ai à relever ces légères inexactitudes des jugements de mon ancien ami, feu Lemontey, parce que l’estime publique a attaché beaucoup d’autorité à son livre.