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des églises du désert.

wick, voyant les réunions religieuses de Clairac et de Nérac, ne craignit pas de proposer à la cour le massacre des religionnaires ; il fallut que le régent, « tout en approuvant le désarmement et que les prédicants devaient être punis de mort, » réprimât le fanatisme farouche de ce bâtard des rois (Lemontey, Hist. de la rég., chap. xvi). Des ordres de Paris enlevèrent les victimes à la répression sanglante de Berwick pour les remettre au parlement de Bordeaux ; le régent dut encore s’interposer contre les poursuites des magistrats, comme il l’avait fait contre les mesures brutales du vainqueur d’Almanza. « Le comte de Chamilly surpassa dans la Saintonge les fureurs de Berwick ; et il imagina l’expédient atroce de porter la flamme dans les maisons de ceux qui fréquentaient les prêches ; la cour éteignit les torches de cet incendiaire, mais lui abandonna la tête des ministres. » Ces faits, que Lemontey a trouvés dans les registres du conseil de la guerre, sous la régence, de septembre 1715 jusqu’en août 1717, nous peignent fidèlement et l’esprit de l’administration et le courage des églises qui luttaient contre elles, et qui souffraient de l’indulgence du régent presque autant que de la sévérité d’un prince ouvertement fanatique[1].

Cependant les hommes d’état, qui formaient les

  1. Lemontey, l’historien le plus judicieux et de la régence et de la minorité de Louis XV, a écrit d’après les pièces officielles du gouvernement ; mais il n’a pu avoir accès aux documents privés des églises. L’absence de ces témoins nécessaires lui a fait commettre quelques erreurs dans le chap. xvi de son histoire, qui offre cependant le résumé véridique et touchant du sort des églises protestantes sous le ministère du duc de Bourbon et le règne de Louis XV. Il répète, d’après les registres, suivant les avis que donnaient les ducs de Médavy et de Roquelaure, que les assemblées reprises avaient disparu, en Languedoc, vingt-trois jours après la mort de Louis XIV, et que les sévérités exercées dans la Guyenne, avaient été suivies de la totale abolition du culte. Nos pièces,