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des églises du désert.

mina par l’injonction de se taire adressée à tous les partis : « J’ai pitié du prince, dit Lemontey, qui demande le repos et qui prescrit le silence à une église dont le prosélytisme est le premier devoir, dont l’intolérance a fait la fortune, et dont le nom d’église universelle ou catholique est une hostilité permanente » (Hist. de la rég., ch. vi). Aussi les jansénistes, entrant avec ardeur dans la réaction anti-moliniste, firent agir la Sorbonne ; les docteurs, comme pour expier les violences de leurs devanciers contre le grand Arnauld, accueillirent avec enthousiasme l’appel1717.
5 mars.
de quatre évêques contre la bulle. Ces prélats étaient MM. de Mirepoix, de Sénez, de Montpellier, et de L’Angle, ou autrement, les évêques de La Broue, Soanen, Colbert, et de L’Aigle. Le régent se jeta au milieu des combattants et cassa leur appel. Rome effrayée suspendit l’expédition de toute bulle d’institution mais céda bientôt au premier bruit de la colère sérieuse de la cour de France. Le Parlement, dont l’appui ne manquait jamais au parti janséniste, et qui embarrassait à tort ou à raison toutes les mesures financières arrêtées par la régence, fut frappé du même coup qui atteignit les princes légitimés ; un lit de justice supprima ses remontrances, et le capitaine des gardes saisit plusieurs de ses conseillers ; enfin, dans ce retour aux maximes d’état de Louis XIV, les Conseils, où la haute aristocratie gouvernait avec le régent, furent dissous, et les affaires furent remises comme autrefois à des ministres, plutôt les commis que les conseillers du prince. Ce changement ne fut pas sans effet sur les intérêts des protestants ; car si les Conseils eussent existé sous le ministère du duc de Bourbon, il n’eût pu sans doute promulguer le code cruel de 1724 avec une si malfaisante légèreté.