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avec tant d’artifice, et le casser « avec moins de formalités qu’on n’en eût mis à dissoudre la ferme d’un arpent de terre » (Lemontey) ; lorsqu’ils virent la faveur du peuple saluer Philippe d’un enthousiasme égal aux défiances populaires envers le feu roi : alors ils purent espérer que le changement s’étendrait jusqu’aux lois cruelles qui pesaient sur eux, et que la révocation de l’édit de Nantes serait annulée en même temps que les dernières volontés de son auteur. Ces espérances étaient beaucoup trop hâtives. Georges Ier, dont la cour devait bientôt s’allier si étroitement à celle de France, ne fit aucune démarche officieuse pour ses frères persécutés, et même son ambassadeur, lord Stairs, blessa le régent par le faste de son insolence diplomatique.

L’indifférence que le roi d’Angleterre, Georges Ier, montra pour le sort des réformés français aurait pu cependant être combattue par des raisons personnelles et pour ainsi dire de famille. Il était descendant de réfugié. La duchesse de Zell était fille d’Alexandre Desmiers, seigneur d’Olbreuse, gentilhomme du Poitou, protestant, qui sortit du royaume à la révocation de l’édit de Nantes, passa en Allemagne, et s’établit en Brandebourg, où sa fille fut fille d’honneur de l’électrice duchesse de Zell. Georges-Guillaume, frère du premier mari de cette électrice, qui était Charles-Louis, duc de Zell, devint amoureux de la fille d’honneur et l’épousa. Il mourut en 1703 et elle en 1722, ne laissant qu’une fille mariée en 1682 à son cousin germain Georges-Louis, duc de Hanovre, électeur et successeur de la reine Anne à la couronne d’Angleterre, dont le fils fut Georges Ier. Tels sont 1722.les curieux détails que Saint-Simon nous a conservés (Mém., t. xx, p. 216), et on peut l’en croire