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des églises du désert.

des détachements, et des quartiers sur lesquels ils marchaient. Les ministres changeaient de demeure chaque nuit ; les fidèles regardaient comme un honneur de s’exposer avec eux aux peines qui frappaient l’hospitalité. On redoublait de précautions et de mystères pour la tenue des synodes ; on les convoquait à demeure par des agents discrets ; on les réunissait en rase campagne ou dans le creux des vallées ; dans tout le cours du siècle, un assez petit nombre de ces assemblées furent surprises. En hiver, ou lorsque le temps était trop âpre, une métairie solitaire les abritait. Lorsque le danger était trop pressant et que les intendants redoublaient de violence ou de ruse, la foi de cette population eût paru éteinte ; mais elle se maintenait toujours fervente dans le culte domestique. Chacun des chefs de famille réunissait chez lui une petite assemblée qui, par le profond secret de sa convocation, échappait à la fois à la délation et à la violence. La majorité des curés se résignait à la durée d’une foi que rien n’avait pu vaincre ; mais il y en avait d’autres qui opposaient la ruse à la ruse, et qui se servaient contre les réformés des moyens mêmes qui faisaient leur salut. Il y en eut qui organisèrent aussi leur police et qui soudoyaient des observateurs choisis dans les rangs d’une fanatique populace. Plus rarement ils réussirent à tenter quelque misérable par l’appât des louis d’or promis pour la tête d’un ministre. Cependant nous verrons qu’ils y parvinrent dans une occurrence notable, mais que l’agent du fanatisme périt par la main de ceux qu’il venait dénoncer. Les intendants aussi varièrent leurs mesures et déployèrent mille stratagèmes pour envelopper les assemblées dans des embuscades meurtrières. Ces deux remarques expliquent comment un assez grand