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histoire.

tion auprès des jours malheureux auxquels nous avons senti tant de maux ; Dieu veuille encore ouïr les cris et gémissements de nos pauvres frères prisonniers, galériens, exilés ou en fuite, et leur donner matière de joie et de consolation en les délivrant de leurs souffrances ; Dieu veuille enfin rétablir sa pauvre Jérusalem, nous combler tous de ses bénédictions les plus précieuses et nous élever un jour dans le palais de sa gloire pour nous y rendre éternellement heureux ! Ô grand Dieu ! qui es le Dieu de compassion et de miséricorde, aie pitié de ta pauvre colombe, de ta chère Sion de France ; mets fin bientôt à toutes ses misères et à toutes ses souffrances, hâte le jour de ta venue, fais bientôt échoir ce temps assigné de sa délivrance ! — Seigneur, tes serviteurs sont affectionnés à ses pierres et ont pitié de la voir toute en poudre. » (Mss. P. R.)

C’est avec un soin religieux que nous avons déchiffré ce brouillon informe bien taché et bien usé par le temps autant que par le frottement de courses perpétuelles, et que nous remettons au jour ces graves et touchantes invocations, si profondément empreintes de foi, de résignation et de confiance. La solennité de la réunion, les périls qui l’assiégeaient, les lois cruelles qui en proscrivaient le culte, devaient donner à ces prières un caractère d’intérêt et de grandeur, qu’heureusement nous ne pouvons plus ressentir aujourd’hui. On tâche cependant de se figurer de tels vœux retentissant au milieu d’une assemblée à genoux, réunie nuitamment à l’ombre des rochers ou au fond des cavernes, entourée de sentinelles de distance en distance pour surveiller l’invasion des soldats, et composée de fidèles dont les parents et les amis étaient en fuite, en prison ou dans les bagnes. On croit entendre