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quoi ils n’y auraient pas été soufferts ni tolérés. » (Déclaration du roi, 8 mars 1715. ) Au moment même où le secrétaire d’état, Phélypeaux de Pontchartrain, vigilant administrateur d’une si longue oppression, faisait apposer le grand sceau de cire jaune à cette dernière intolérance de son vieux maître, rien ne l’avertissait sans doute que de fervents synodes renaissaient alors dans un coin obscur du Languedoc, et que leur zèle serait encore plus puissant que ses édits. Tels furent les travaux de ces trois années, accomplis dans le midi du royaume, par des pasteurs modestes et peu lettrés ; ils dureront sans doute aussi longtemps que les œuvres des théologiens catholiques contemporains, aussi longtemps que les belles impressions des conciles de Hardouin sous les presses du Louvre, et que les discours de Massillon au milieu des magnificences de la Sainte-Chapelle.

Ce n’était pas assez de prendre des mesures générales pour régulariser le culte et le sacerdoce, et pour prévenir les abus de personnes sans instruction et sans mission, usurpant la parole dans les assemblées. Il fallait pouvoir envoyer des ministres régulièrement ordonnés. Il n’y en avait aucun dans cette partie du royaume qui eût reçu l’imposition des mains, hormis un ministre du Dauphiné, Jacques Roger, qui avait été consacré dans le Wurtemberg, et qui n’avait pas craint de braver la loi capitale, qui lui interdisait de retourner en France. Dans tout le Languedoc, le ministre Court, non plus que ses collègues, n’avaient d’autre mission que leur zèle, ni d’autre titre que celui que des assemblées consistoriales de laïcs leur avaient conféré. Ils ne pouvaient donc, à la rigueur ni validement, bénir les mariages, ni conférer les sacrements. Antoine Court chercha les moyens de