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général, ce fut là l’expression de la politique secrète des dernières années de Louis XIV et de la régence d’Orléans envers les églises réformées françaises. Jamais la cour ni les ministres qui se succédèrent au pouvoir n’oublièrent les embarras inouïs de la guerre des camisards, ni les liaisons qui s’étaient établies entre les révoltés du midi et les étrangers. On n’oublia pas la visite maritime de l’amiral anglais Showel aux côtes du bas Languedoc, en 1703, ni le débarquement du général Saissan, en 1710, qui occupa Cette et Agde, conquêtes éphémères que lui arracha aussitôt l’intrépidité du maréchal de Noailles. On sentit, dès ce moment, les graves dangers qu’il pouvait y avoir à réduire au dernier degré du désespoir une population guerrière, qui, des collines de la côte, pouvait correspondre avec les vaisseaux ennemis.

Aussi, dans les premières années qui suivirent la mort de Louis XIV, l’inquisition des consciences perdit un peu de sa rigueur. Le culte réformé des Cévennes et du Languedoc fut souvent confiné dans l’enceinte des maisons. Cette circonstance seule, outre le mystère qui enveloppait alors toutes les habitudes des protestants, aurait suffi pour rendre très-rares les preuves de la piété de ces populations, obligées de se renfermer ainsi dans le foyer domestique. Il faut remarquer encore que ce genre de culte, opposé à la discipline qui suppose toujours une réunion d’églises et un acte public, n’avait pas l’approbation entière des pasteurs courageux, qui travaillaient à réorganiser ces communautés. Toutefois nous devons recueillir un monument intéressant du culte privé avant de parler des témoignages bien plus frappants que nous a laissés le culte public. Nous trouvons, dans nos pièces, une copie d’une courte prière,