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confirmé par diverses bouches, de passer en Hollande, pour, de là, être envoyés ailleurs. » Jusqu’en 1716, on voit David Flotard, agent, pour la couronne anglaise, du marquis de Remiremont, réclamer de Georges 1er le prix de ses tentatives de soulèvements en Languedoc[1] (Placet au roi d’Angleterre, Mss. P. R.). Ces faits expliquent assez les inquiétudes de la cour de France, et ses sages démarches auprès des ministres du Languedoc. On se rappelait d’ailleurs que les réformés français avaient des amis dans les congrès étrangers. Dès 1709, aux conférences de Gertruydenberg, préparatoires à la paix générale d’Utrecht, les plénipotentiaires des alliés réformés s’étaient un peu émus du sort de leurs frères protestants. Les réfugiés en Hollande avaient excité sur ce sujet le zèle des états généraux. Ils avaient demandé que la liberté de conscience pour leurs compatriotes de France devînt une des conditions de la paix, et ce fut Jacques Basnage qui dirigea toute l’affaire de ces justes réclamations (The Tatler, no  du 10 mai 1709). Mais les ministres de Louis XIV n’eurent point de peine à repousser la faible insistance des alliés, et d’aucune part on ne voulut subordonner la fin d’une guerre qui avait si longtemps embrasé l’Europe, à des transactions inté-

  1. Nous possédons (coll. mss. P. R.) les lettres les plus singulières d’Élie Marion et de Charles Portalès sur cette classification des prophètes réfugiés, nommés dans les tribus par le ministère de la prophétesse Jeanne Roux et par le ministère d’Élie Marion. Comme il y eut plus de cent cinquante adeptes qui reçurent des nouveaux noms bibliques, selon les inspirations, on conçoit la difficulté de nommer tout ce monde. Aussi Charles Portalès fait de grands efforts pour concilier cette distribution avec les vrais noms qui se trouvent dans les Écritures. Nous ne rapportons ces hallucinations déplorables que pour faire sentir tous les obstacles encore récents qui se présentaient à l’œuvre de restauration de Court et de ses collègues. (Voy. sur David Flotard et Charles Portalès, Hist. des troubl. des Cévennes, par Court, t. iii, p. 128-293.)