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ZANETTO.
Ce que demain, pour moi, doit être, je l’ignore.

SILVIA.
Si je puis vous aider ?

ZANETTO.
                               Il n’en est pas besoin.
Et peut-être, après tout, n’irai-je pas plus loin.
Écoutez. Il me vient en tête une chimère.
Les êtres comme moi n’ont ni père ni mère :
Suis-je le fils d’un rustre, ou le fils d’un marquis ?
Je ne sais. Mais, bien sûr, le jour où je naquis
Dut être un beau matin de la saison nouvelle ;
Car le joyeux rayon qui loge en ma cervelle
M’empêche de songer que je suis orphelin.
Jusqu’ici, j’ai couru comme un jeune poulain,
Libre, sans désirer d’existence meilleure.
Mais, je dois l’avouer, madame, tout à l’heure,
Tandis que vous parliez avec tant de douceur,
Tout à coup j’ai rêvé vaguement d’une sœur ;
Et lorsque vous m’avez fait comprendre l’asile
Où l’intime bonheur loin des regards s’exile,
La petite maison que voilent les lilas,
Pour la première fois je me suis sen