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mouillée
Pour courir du côté riant de l’arc-en-ciel.
Ne la cherchant jamais, je trouve naturel
De n’avoir pas encor rencontré la fortune.
Je suis le pèlerin qui marche sous la lune,
Boit au ruisseau jaseur, passe le fleuve à gué,
Va toujours & n’est pas encore fatigué.

SILVIA.
Et n’avez-vous songé jamais à faire halte ?
Dans cette folle course, où votre esprit s’exalte
À rêver le douteux espoir du lendemain,
N’avez-vous donc jamais, au tournant du chemin,
Aperçu la maison calme, toute petite
Et blanche sous le pampre & sous la clématite,
Avec son bon vieux chien qui dort près du portail
Et sa fenêtre, dont s’entr’ouvre le vitrail
Pour montrer le profil pur & le fin corsage
D’une enfant qui vous donne un bonjour au passage ?

ZANETTO.
Quelquefois. Mais j’ai cru toujours que mes chansons
Feraient, comme en jetant des pierres aux buissons
On en fait s’échapper tout un nid de vipères,
Sortir de ces logis les tuteurs & les pères.
Or, avec cet aspect de franc bohémien,