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effort ; mais Gabriel, qui lui avait saisi la main pendant l’accident, la garda dans la sienne et lui prit le bras, machinalement, comme par un désir instinctif de la protéger encore.

« Eh bien, Eugénie, j’espère que nous sommes heureuses que monsieur se soit trouvé là !.. . Qu’est ce qu’aurait dit votre mari, qui ne voulait pas vous laisser venir ?... Il m’aurait bien reçue, ce soir. Oh ! mais je vous en prie, monsieur, ne nous quittez pas. Vous allez nous aider à sortir de cette bousculade. C’est comme au dernier 15 août, où j’ai failli être étouffée au feu d’artifice... Oh ! j’ai eu une peur... Dites donc, Eugénie, savez-vous que monsieur vient de nous sauver la vie ?... C’est très gentil. C’est comme dans les romans. » Ces paroles sans suite étaient prononcées par la grande brune, qui avait pris l’autre bras de son amie, et qui termina son discours par un petit éclat de rire.

" En effet, mesdames, dit Gabriel d’une voix tremblante, il faut songer d’abord à sortir de cette foule."

Ils étaient remontés sur le trottoir, et Gabriel sentait toujours sur son bras la main de celle qu’on venait d’appeler Eugénie. Il était profondément