Page:Coppée - Œuvres complètes, Poésies, t1, 1885.djvu/161

Cette page n’a pas encore été corrigée

A cela, voyez-vous ! nous serons malhabiles.
Qu’y faire ? Une servante ?… Eh ! nous ne pourrions pas
La payer. Faites-vous toujours vos deux repas ?
Pour nous, les serviteurs sont des gens trop avides.
Et tous vos pauvres, qui s’en iraient les mains vides !
Puis, quel autre aussi bien que nous en aurait soin ?

— Comment, une servante ! il n’en est pas besoin,
Dit le vieux prêtre avec son bon regard sincère.
Nous saurons bien ce qui lui sera nécessaire.
Nous désirions un fils, Dieu nous l’envoie : ainsi,
Ce n’est pas, à coup sûr, pour qu’il sorte d’ici.
En lui donnant d’abord toute notre tendresse,
Nous ne commettrons pas de grave maladresse.
Nous sommes, il est vrai, très pauvres ; mais enfin
Notre enfant ne mourra ni de froid ni de faim :
J’ai de beau linge blanc tout plein ma vieille armoire,
Et je pourrais encor vous remettre en mémoire,
Mon cuisinier d’un jour, que, quand vient Monseigneur,
Notre hospitalité nous fait assez d’honneur,
En ajoutant tout bas que pour Son Éminence
Un jour passé chez moi n’est pas jour d’abstinence.
— Vos poulets ? votre vin ? pour qui ? pour ce petit ?
Mais à son âge on n’a pas si bon appétit