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ment naufragé, payant en babioles, et tout au plus le double des prix indiens. Nous pourrons commencer ce soir même le chargement ; il y a un excellent fond en dedans des récifs, et nous pourrons conduire la Crisis à cent brasses de la cargaison.

Tout cela fut fait comme Marbre l’avait annoncé, et en moins de huit jours la Crisis était revenue à son ancrage en face du village, qui est aujourd’hui la cité d’Honolulu. Nous étant procuré quatre des meilleurs plongeurs, nous appareillâmes pour nous mettre à la recherche de l’Eldorado de perles du capitaine Marbre. J’étais moins opposé à ce projet que dans le principe, car nous étions alors tellement en avance pour le temps, que nous pouvions passer quelques semaines au milieu des îles avant de mettre à la voile pour la Chine. Notre route était dans la direction du sud-ouest, et nous traversâmes la ligne vers le cent soixante-dixième degré de longitude ouest. La mer fut ouverte et sans dangers pendant plus de quinze jours, tant que nous fûmes près de l’équateur, mais nous avancions lentement. Je fus charmé d’entendre donner l’ordre de gouverner plus au nord, car la chaleur était étouffante, et c’était nous rapprocher de la route de la Chine. Il y avait un mois que nous étions sortis d’Hawaï, — c’est le nom de l’île où Cook fut tué, — quand Marbre vint à moi pendant mon quart, par un beau clair de lune ; il se frottait les mains, comme c’était son habitude quand il était de bonne humeur.

— Voulez-vous que je vous dise, Miles ? s’écria-t-il ! La Providence nous conduit comme par la main et elle a de grandes vues sur nous. Jetez un regard en arrière sur toutes nos aventures : d’abord, naufrage là-bas sur la côte de Madagascar, — et il allongea le pouce derrière son épaule, de manière à figurer à peu près deux cents degrés de longitude, ce qui était à peu près la distance qui nous en séparait ; — ensuite rencontre des pros à l’île Bourbon ; puis, affaire avec le corsaire à la hauteur de la Guadeloupe. Comme si ce n’était pas assez, nous nous embarquons ensemble sur ce bord, et nous avons maille à partir avec le bâtiment français porteur de lettres de marque. Après cela, un passage diabolique à franchir à travers le détroit de Magellan. Puis est venue la triste fin du capitaine Williams, et tout le bataclan ; après quoi, nous recueillons le bois de sandal du bâtiment naufragé, ce que je regarde comme le plus heureux de tout.

— Sans doute vous ne mettez pas la mort du capitaine Williams au nombre de ces événements si heureux ?

— Nullement ; mais, voyez-vous, une idée en amène une autre, et il faut défiler tout le chapelet. Comme je vous le disais, nous avons