Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 19, 1842.djvu/485

Cette page a été validée par deux contributeurs.
479
OU LE TUEUR DE DAIMS.

femmes et enfants, ne songèrent plus qu’à chercher un couvert. Au milieu de cette scène de confusion, Deerslayer agit avec un sang-froid et une présence d’esprit que rien ne pouvait surpasser. Après avoir placé Hist et Judith derrière deux gros arbres, il chercha Hetty pour la mettre également en sûreté ; mais elle avait été entraînée par un groupe de femmes huronnes. Se plaçant ensuite sur le flanc des Hurons qui fuyaient vers le sud de la pointe dans l’espoir de se sauver à la nage, il vit deux de ceux qui s’étaient montrés les plus acharnés contre lui, marchant à côté l’un de l’autre. Ce fut de sa carabine que partit le premier coup de feu qui se fit entendre, et la même balle les fit tomber tous deux. Les Hurons firent alors une décharge générale. Le Grand-Serpent y répondit par son cri de guerre, joint à un coup de sa carabine ; mais les soldats continuèrent à avancer sans faire feu ; un seul coup de mousquet partit de leurs rangs, et il avait été tiré par Hurry, qui avait été leur guide et qui les suivait comme volontaire. Bientôt après, on entendit pourtant les cris, les gémissements et les exécrations qui accompagnent ordinairement l’emploi de la baïonnette, et la scène devint une de celle dont nous avons vu de notre temps un si grand nombre dans les guerres contre les sauvages, et où ni l’âge ni le sexe ne mettent à l’abri de la mort.



CHAPITRE XXXI.


La fleur qui sourit aujourd’hui périt demain ; tout ce dont nous désirons arrêter le passage nous tente et fuit loin de nous. Que sont les plaisirs de ce monde ? un éclair pendant la nuit, aussi court qu’il est brillant.
Sheley


Il est à peine nécessaire de mettre sous les yeux des lecteurs le tableau qu’offrait alors la pointe de terre sur laquelle les Hurons avaient placé leur dernier camp. Les troncs d’arbres, les feuilles et la fumée avaient caché une grande partie de ce qui s’y était passé, et la nuit ne tarda pas à étendre son voile sur le lac et sur l’immense désert qui se prolongeait alors presque sans interruption depuis les bords de l’Hudson jusqu’à l’océan Pacifique. Nous passerons donc au jour suivant, dont le matin fut aussi serein et aussi