des injures de quelques sorcières déchaînées, et leur rage croissant avec son indifférence, comme son indifférence croissait avec leur rage, les furies devinrent impuissantes par suite de leurs propres excès. Voyant que cette tentative avait échoué, les guerriers mirent fin à cette scène, d’autant plus qu’on faisait très-sérieusement des préparatifs pour le commencement de tortures qui soumettraient le courage moral du prisonnier à l’épreuve d’horribles souffrances physiques. Cependant une annonce soudaine et inattendue, faite par un éclaireur des Hurons, enfant de dix ou douze ans, arrêta momentanément ces apprêts sinistres. Mais comme cette interruption tient de très-près au dénouement de notre histoire, nous en rendrons compte dans un chapitre séparé.
CHAPITRE XXX.
Il était hors du pouvoir de Deerslayer de savoir quelle cause avait produit cette stagnation subite dans les mouvements de ses ennemis ; ce fut le cours des événements qui le lui apprit. Il s’aperçut que c’était surtout parmi les femmes qu’il régnait une forte agitation, tandis que les guerriers étaient appuyés sur leurs armes, dans une sorte d’attente qui n’était pas sans dignité. Il était évident qu’aucune alarme n’avait été donnée, mais il n’était pas aussi clair que tout dût se passer amicalement. Rivenoak était certainement instruit de tout, et par un geste du bras il parut donner ordre que chacun gardât la place qu’il occupait dans le cercle.
L’explication de ce mystère ne se fit attendre que deux ou trois minutes. Judith parut à l’extérieur de la ligne formée par le cercle, et elle fut admise sur-le-champ dans l’intérieur.
Si Deerslayer fut surpris de cette arrivée inattendue, puisqu’il savait qu’elle n’avait aucun droit à obtenir cette exemption aux peines de la captivité qui avait été si libéralement accordée à sa sœur à cause de la faiblesse de son esprit, il ne le fut pas moins du