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DEERSLAYER

tournons le visage vers les grands lacs d’eau douce quand nous regardons du côté de nos villages. Ce peut être un pays sage et plein de richesses du côté du matin, mais c’en est un fort agréable du côté du soir. Nous aimons à porter nos regards dans cette direction. Quand nous regardons du côté de l’est, nous avons de l’inquiétude, car il en arrive tous les jours ; à la suite du soleil, de grands canots qui amènent ici de nouveaux hommes blancs, comme si leur pays en était plein à déborder. Les hommes rouges sont déjà en petit nombre, et ils ont besoin de remplir leurs rangs. Un de nos meilleurs wigwams est devenu vide par la mort de son maître, et il se passera longtemps avant que le fils soit assez âgé pour s’asseoir à la place de son père. Voilà sa veuve ; elle a besoin de venaison pour se nourrir, elle et ses enfants, car ses fils sont encore comme les petits du rouge-gorge qui n’ont pas quitté le nid. C’est votre main qui l’a frappée de cette terrible calamité. Elle a deux devoirs à remplir, l’un envers son mari, le Loup-Cervier ; l’autre envers ses enfants. Chevelure pour chevelure, sang pour sang, mort pour mort, voilà le premier. Le second est de donner de la nourriture à ses enfants. Nous vous connaissons, Tueur de Daims. Vous avez de l’honneur ; quand vous dites une chose, c’est qu’elle est vraie ; vous n’avez qu’une langue, et elle n’est pas fourchue comme celle d’un serpent. Votre tête n’est jamais cachée sous l’herbe, chacun peut la voir. Ce que vous promettez, vous le faites. Vous êtes juste ; quand vous avez fait le mal, vous désirez le réparer le plus tôt possible. — Eh bien ! voici le Sumac ; elle est seule dans son wigwam ; ses enfants crient autour d’elle pour lui demander de la nourriture. Voici un mousquet, il est chargé et amorcé ; prenez-le, allez tuer un daim, portez-le au Sumac, nourrissez ses enfants, et dites-lui que vous la prenez pour femme. Après cela, votre cœur ne sera plus delaware, et deviendra huron ; le Sumac n’entendra plus crier ses enfants, et ma tribu retrouvera le guerrier qu’elle a perdu.

— Je craignais cela, Rivenoak, répondit Deerslayer, oui, je craignais que vous n’en vinssiez là. Quoi qu’il en soit, la vérité est bientôt dite, et elle mettra fin à toute proposition de ce genre. Je suis blanc et chrétien, Mingo ; et il ne me convient pas de prendre une femme rouge et païenne. Ce que je ne ferais pas en temps de paix et sous le soleil le plus brillant, je le ferai encore moins pour sauver ma vie, quand ma tête est sous un nuage. Il est possible que je ne me marie jamais, et la Providence, en me plaçant dans les forêts, probablement voulu que je vécusse seul ; mais s’il m’arri-