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OU LE TUEUR DE DAIMS.

je le soutiendrai contre tous ses ennemis, par amour pour lui comme pour vous.

— Adieu, Hurry, dit Hetty qui désirait alors le voir partir, aussi vivement qu’elle avait désiré le retenir quelques instants auparavant, et qui n’aurait pu expliquer bien clairement la cause de l’un ou de l’autre de ces deux sentiments opposés. — Adieu, Hurry ; prenez bien garde à vous dans les bois, et ne vous arrêtez pas avant d’être arrivé dans le fort. Je lirai un chapitre de la Bible pour vous avant de me coucher, et je ne vous oublierai pas dans mes prières.

C’était là un point qui n’éveillait aucune sympathie dans l’esprit de Hurry, et sans parler davantage il serra cordialement la main de Hetty et rentra dans la pirogue. Une minute après, il était à cent pieds de l’arche, et en quelques instants la pirogue était hors de vue. Hetty poussa un profond soupir, et alla rejoindre sa sœur et Hist.

Pendant quelque temps, Deerslayer et son compagnon ramèrent en silence. Il avait été décidé que March serait mis à terre au même endroit où on l’a vu s’embarquer sur le lac au commencement de notre histoire, non-seulement parce que c’était celui que les Hurons penseraient le moins à surveiller, mais parce qu’il connaissait les bois des environs, et qu’il y trouverait plus facilement son chemin dans l’obscurité. Ce fut donc vers ce point que fut dirigée la légère nacelle, qui faisait route avec toute la vitesse que pouvaient lui communiquer deux hommes vigoureux et adroits. Ils y arrivèrent en moins d’un quart d’heure, et quand ils furent couverts par l’ombre qui se projetait du rivage sur le lac, ils s’arrêtèrent quelques instants, pour s’adresser quelques mots hors de la portée de l’oreille de tout rôdeur qui pourrait se trouver dans les environs.

— Dès que vous serez au fort, Hurry, dit Deerslayer, vous ferez bien d’engager le commandant d’envoyer un détachement contre ces vagabonds ; et vous ferez encore mieux si vous lui offrez de servir de guide vous-même. Vous connaissez les chemins, la forme du lac, la nature du pays, et vous pourrez conduire les soldats beaucoup mieux que ne le ferait un guide ordinaire. Marchez d’abord vers le camp des Hurons, et suivez leur piste s’ils n’y sont plus. Quelques regards jetés en passant sur l’arche et sur le château vous diront dans quelle situation se trouvent les Delawares et les deux sœurs ; et dans tous les cas, ce sera une belle occasion de tomber sur les Mingos et de faire sur la mémoire de ces vagabonds une impression qui ne s’effacera pas de longtemps. Cela ne fera