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OU LE TUEUR DE DAIMS.
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dans quelle situation critique Hist et lui se trouvaient placés si les Hurons prenaient la pirogue qui était sous la trappe et se mettaient à la poursuite de l’arche. Il pensa un instant à entrer avec Hist dans la pirogue dont il était en possession, à gagner les montagnes de la rive orientale, et à se rendre en ligne directe dans les villages des Delawares ; mais bien des considérations le détournèrent de cette mesure imprudente. Il était presque certain que les Hurons avaient placé des espions sur les deux rives du lac, et une pirogue ne pouvait approcher de la côte sans être vue des montagnes ; leur piste ne pourrait être cachée à des yeux indiens, et les forces de Hist ne suffiraient pas à une fuite assez prompte pour devancer la poursuite de guerriers agiles ; les Indiens de cette partie de l’Amérique ne connaissaient pas l’usage des chevaux, et tout dépendrait des forces physiques des fugitifs. Enfin la dernière considération, et ce n’était pas la moindre, c’était l’idée de la situation de Deerslayer, ami qu’il ne voulait pas abandonner dans le danger.

Hist, à quelques égards, raisonnait et même sentait différemment, quoiqu’elle arrivât aux mêmes conclusions. Elle était moins inquiète de son propre danger que de celui des deux sœurs, auxquelles elle prenait alors un vif intérêt. Leur pirogue, à l’instant où la lutte sur la plate-forme avait cessé, était à environ cent cinquante toises du château, et Judith avait cessé de ramer, ayant reconnu qu’un combat y avait lieu. Elle et Hetty étaient debout, cherchant à s’assurer de ce qui s’y passait, mais restant dans l’inquiétude et ne pouvant éclaircir leurs doutes, parce que la scène de l’action était cachée en partie par le château.

Les quatre individus qui se trouvaient tant sur l’arche que sur la pirogue furent redevables de leur sécurité momentanée à l’attaque furieuse de Hurry. Dans des circonstances ordinaires, les deux sœurs auraient été capturées sur-le-champ, entreprise qui n’aurait pas été difficile à exécuter, maintenant que les Hurons possédaient une pirogue, sans le rude échec que leur audace avait reçu dans la lutte toute récente. Il leur fallut quelque temps pour se remettre des effets de cette scène violente, d’autant plus que le principal personnage d’entre eux, du moins quant à la prouesse personnelle, avait été fort maltraité. Il était de la plus grande importance que Judith et Hetty vinssent sans délai chercher un refuge dans l’arche, où elles trouveraient du moins un abri temporaire, et la première chose à faire était d’imaginer les moyens de les y déterminer. Hist se montra sur l’arrière du scow, et fit des signes et des gestes pour les engager à faire un détour pour éviter