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OU LE TUEUR DE DAIMS.

— C’est la nature, Hetty ; oui, cela doit être attribué à la nature. Elle est avec celui qu’elle doit épouser, et elle ne craint plus d’avoir un Mingo pour mari. Judith elle-même, à mon avis, perdrait beaucoup de sa beauté si elle pensait que cette beauté dût être le partage d’un Mingo. Le contentement ajoute toujours à la bonne mine ; et je vous réponds que Hist est assez contente, à présent qu’elle est hors des mains de ces mécréants et près du guerrier dont elle a fait choix. — Ne m’avez-vous pas dit que votre sœur vous a engagée à venir ici ? quelle raison en avait-elle ?

— Elle m’a dit de venir vous voir, et d’engager ces sauvages à accepter d’autres éléphants pour votre rançon. — Mais j’ai apporté la Bible avec moi, et cela fera plus que tous les éléphants qui sont dans la caisse de mon père.

— Et votre père, ma bonne Hetty, et Hurry Harry, sont-ils instruits de votre départ ?

— Non ; ils dorment tous deux. Judith et le Serpent ont cru qu’il valait mieux ne pas les éveiller, de peur qu’il ne leur prît encore envie d’aller chercher des chevelures, car Hist leur a dit qu’il y a dans le camp beaucoup de femmes et d’enfants et peu de guerriers. Judith ne m’a pas laissé de repos que je ne fusse partie pour voir ce qui vous est arrivé.

— Eh bien ! cela est remarquable en ce qui concerne Judith. Pourquoi a-t-elle tant d’inquiétude pour moi ? — Je vois ce que c’est à présent ; oui, j’entends toute l’affaire. Vous devez comprendre, Hetty, que votre sœur craignait que Hurry March ne s’éveillât, et ne vînt se jeter encore une fois entre les mains des ennemis, dans quelque idée qu’ayant été mon camarade de voyage, il devait m’aider dans cette affaire. Hurry fait souvent des bévues, j’en conviens ; mais je crois qu’il ne courrait pas volontiers pour moi autant de risques que pour lui-même.

— Judith n’aime pas Hurry, quoique Hurry aime Judith, répondit Hetty innocemment, mais d’un ton positif.

— Je vous l’ai déjà entendu dire, Hetty ; oui, vous m’avez déjà dit la même chose, mais vous vous trompez. On ne vit pas dans une tribu d’Indiens sans voir quelque chose de la manière dont l’affection agit sur le cœur d’une femme. Quoique je ne sois nullement porté à me marier moi-même, j’ai joué le rôle d’observateur parmi les Delawares, et c’est une affaire dans laquelle les blancs et les rouges agissent absolument de même. Quand l’amour commence, la jeune fille est pensive ; elle n’a des yeux et des oreilles que pour le guerrier qui s’est rendu maître de son imagination. Viennent alors