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litaire, mais dont l’uniforme ne paraissait pas avoir reçu tous les soins qu’en prend ordinairement un officier, entra dans la chambre, et le major le salua sous le nom de M. Muir.

— Je viens, comme vous me l’avez permis, pour connaître mon sort, major Duncan, — dit le quartier-maître avec un accent écossais fortement prononcé, dès qu’il se fut assis sur le siège qui lui avait été offert. — Pour vous dire la vérité, cette jeune fille fait autant de ravage dans la garnison que les Français en ont fait devant Ty. Je n’ai jamais vu une déroute si complète en si peu de temps.

— Sûrement, Davy, vous n’avez pas dessein de me faire croire qu’une semaine a vu allumer une telle flamme dans un cœur jeune et simple comme le vôtre. Sur ma foi, ce serait encore pire que votre affaire d’Écosse, quand on disait que le feu qui vous consumait intérieurement était si violent qu’il avait pratiqué dans votre corps un trou par lequel toutes les jeunes filles pouvaient voir quelle était la valeur des combustibles enflammés.

— Il faut que vous plaisantiez, major Duncan, comme votre père et votre mère avant vous, quand même l’ennemi serait dans le camp. Je ne vois rien de bien extraordinaire à ce que des jeunes gens suivent la pente de leurs désirs et de leurs inclinations.

— Mais vous avez si souvent suivi celle des vôtres, Davy, que je croyais qu’à présent vous ne pouviez plus y trouver l’attrait de la nouveauté. En comptant l’affaire d’Écosse dont je viens de parler, vous avez déjà été marié quatre fois.

— Seulement trois, major ; aussi vrai que j’espère avoir une quatrième femme. Mon nombre n’est pas encore complet. Non, non, rien que trois.

— Je crois que vous oubliez le mariage sans ministre, Davy.

— Et pourquoi y songerais-je, major ? Les cours de justice ont décidé que ce n’était pas un mariage ; que faut-il de plus ? Cette femme avait profité d’une légère disposition amoureuse, qui est peut-être une faiblesse dans ma constitution, pour m’entraîner dans une liaison qui a été déclarée illégale.

— Si je m’en souviens bien, Muir, on disait dans le temps qu’il y avait deux côtés à envisager dans cette question.

— Toute chose à deux côtés, mon cher major, et j’en ai connu qui en avaient trois. Mais la pauvre femme est morte ; il n’y avait pas d’enfants ; ainsi il n’en est rien résulté, après tout. Ensuite, j’ai été particulièrement malheureux avec ma seconde femme ; je