LXIV
LE POPE QUI HENNIT COMME UN ÉTALON
ans un village habitait un pope, grand amateur
du beau sexe : dès qu’il voyait par la fenêtre
une jeune femme passer devant sa cour, tout de
suite il se penchait en dehors de la croisée et se
mettait à hennir comme un étalon. Dans ce même
village demeurait un moujik marié à une fort jolie
femme ; chaque jour, pour aller chercher de l’eau,
elle passait devant la cour du pope ; sitôt que
l’ecclésiastique l’avait aperçue, il allongeait la tête en
dehors de la fenêtre, et commençait à hennir. Une
fois, en rentrant chez elle, la paysanne dit à son
mari : « Mon petit homme, dis-moi, je te prie,
pourquoi le pope hennit comme un cheval quand
je passe devant sa cour en allant chercher de
l’eau. — Eh ! sotte, c’est parce qu’il a un caprice
pour toi ! Mais, fais-y attention, quand tu iras à
l’eau et que le pope commencera à faire : hi, ho,
ho ! réponds-lui toi-même : hi, hi, hi ! Il accourra
aussitôt vers toi et te priera de lui accorder une
nuit ; attire-le à la maison et nous le traiterons de
façon à lui ôter toute envie de hennir par la
suite. » La femme prit un seau et alla puiser de
l’eau. Le pope l’aperçut par la fenêtre et remplit