L
LE POPE AVIDE
n pope avait une cure importante, mais il
était si intéressé que, pendant le grand carême,
il n’exigeait pas moins d’un grivennik[1] de
tout fidèle qui se présentait au tribunal de la pénitence ;
ceux qui ne lui apportaient pas cette somme,
il refusait de les confesser et les accablait d’injures :
« Quelle bête à cornes ! Pendant toute une année
tu n’as pu mettre de côté un grivennik pour
l’offrir à ton père spirituel quand tu viendrais à
confesse ! Et il prierait Dieu pour des maudits
comme vous !… » Un jour, un soldat vint pour
se confesser à ce pope et, sur le rebord du confessionnal,
il déposa un simple piatak[2] de cuivre.
À cette vue, l’ecclésiastique entra dans une violente
colère : « Écoute, maudit ! » vociféra-t-il, « comment
l’idée t’est-elle venue d’apporter à ton père
spirituel un piatak de cuivre ? C’est une plaisanterie,
sans doute ? — Voyons, batouchka, est-ce
que j’ai le moyen de vous offrir plus ? Je donne
ce que j’ai. — Pour les putains et les cabarets