XLIII
LE POPE ET LE PAYSAN
ans certain pays, et, pour dire la vérité,
dans celui où nous vivons, il y avait un
moujik marié à une jeune femme. Le paysan alla
travailler loin de son village, laissant au logis son
épouse enceinte. Le pope, à qui elle plaisait depuis
longtemps, eut recours à une ruse pour satisfaire
son caprice. Un jour, la paysanne vint à confesse à
lui. « Bonjour, Marie ! » dit l’ecclésiastique, « où
est maintenant ton mari ? — Il est allé travailler
au loin, batouchka. — Ah ! le coquin, comment
a-t-il pu te planter là ? Il t’a engrossée, mais il n’a
pas achevé son œuvre ! À présent, tu accoucheras
d’un monstre, d’un enfant sans bras ou
sans jambes, et tu seras montrée au doigt dans
tout le district. »
La paysanne était fort naïve. — « Que faire, batouchka ? Ne peux-tu pas me venir en aide dans ce malheur ? — Je tâcherai de remédier à cela, mais c’est seulement pour toi, car pour ton mari je n’y consentirais à aucun prix ! — Tâche d’y remédier, batouchka ! », supplia la femme les larmes aux yeux. — « Allons, soit, j’achèverai ton enfant ! Trouve-toi ce soir dans notre remise ;