Page:Contes de l Ille et Vilaine.djvu/281

Cette page a été validée par deux contributeurs.

munes voisines, on l’appelle la bête de Brielles ; à Gennes, c’est Birette, à Étrelles c’est le Biheron.

On croit que cette bête change de forme chaque nuit. Elle ressemble à tel ou tel animal, selon qu’elle s’est roulée sur le laissé[1] d’un mouton, d’une chèvre, d’un chat, d’un chien, d’un cheval, etc.

Il y a tantôt trente ans, un garçon meunier avait à traverser un ruisseau sur une planche jetée en travers d’un cours d’eau. Il est bon de dire qu’il était un brin chauddebaire[2]. Au moment où il allait mettre le pied sur la planche, il aperçut, à l’autre extrémité, un gros mouton noir qui venait en sens inverse. « J’allons ben var si j’vas t’céder la place[3], s’écria le gars, et ils marchèrent l’un vers l’autre jusqu’au milieu de la planche où une lutte terrible s’engagea. Le mouton donnait force coups de tête, l’homme cherchait à happer l’animal à la brassée. Vingt fois ils tombèrent dans le ruisseau, vingt fois ils

  1. Fiente.
  2. Demi-ivre.
  3. Nous allons bien voir si je vais te céder la place.