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Que de fois n’a-t-on pas vu des puits sur le point d’être abandonnés parce que leurs galeries étaient devenues stériles. Les ingénieurs, les directeurs, avaient déclaré que toutes les recherches était désormais inutiles, qu’il n’y avait plus rien à espérer. Soudain, au milieu du silence profond de ces noirs souterrains, des coups de pioche se faisaient entendre, — mais très distinctement, — à intervalles réguliers, et lorsqu’on se dirigeait du côté du bruit, on reconnaissait que la terre avait été fouillée. En creusant le sol, à cet endroit, on retrouvait le filon perdu.

Les mineurs de Pont-Péan ont une telle croyance dans le lutin, que la veille de la Sainte-Barbe, ils vont le consulter pour savoir s’ils mourront dans l’année. Ils descendent à cet effet dans la mine, à leurs chantiers, et là, chaque mineur allume une chandelle qu’il laisse brûler. Si la lumière s’éteint avant d’être consumée, c’en est fait de leur existence : le génie invisible est passé qui a fixé le terme de la vie de son protégé.

(Conté par Yvon Le Goff, âgé de 48 ans,
mineur à la mine de Pont-Péan).