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Grosses-Lèvres ; sachant que cette belle jeune fille devait devenir votre épouse, nous avons voulu lui conserver sa beauté en la dispensant de faire le travail considérable qui lui avait été commandé. Voyez plutôt mes lèvres comme elles sont déformées à force de filer.

— Regardez mon doigt comme il est gros et malade à force de coudre, ajouta l’autre fée.

— Remarquez, dit le père Ragolu[1], comme je suis petit et difforme pour être resté les jambes croisées sur une table pendant toute mon enfance.

Le prince jura que sa femme ne travaillerait jamais.

La fête se termina par un grand bal, où les fées et le magicien exécutèrent des danses étonnantes, qui charmèrent les assistants.

(Conté par le père Constant Tual,
tailleur à la journée, à Bain-de-Bretagne).
  1. Ragolu, dans le patois d’Ille-et-Vilaine, veut dire rugueux, raboteux ; mais dans ce conte il signifie mal fait, mal bâti.