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Parfois elle est couchée près d’un passage[1] ou bien derrière la haie d’un champ ou bien encore à l’entrée d’une rote[2] fréquentée.

Tout le monde a vu ou entendu parler de Martine. Il n’est question que d’elle pendant les longues soirées d’hiver, quand les paysans vont à la veillée les uns chez les autres pour manger des châtaignes grillées et boire des pichés de cidre.

Un soir, à l’époque de la moisson, vers la mi-août, plusieurs enfants après le grain battu s’amusaient à jouer dans l’aire. Ils se roulaient sur la paille et riaient à qui mieux mieux. Le fermier, fatigué du travail de la journée, et déjà couché, ne pouvait dormir avec tout ce tapage. Voulant effrayer les enfants afin de les renvoyer il s’enveloppa de son drap de lit enfonça son bonnet de coton jusqu’aux oreilles et sortit à pas de loup. Il n’eut pas plutôt quitté la maison qu’il aperçut dans un petit chemin creux qui longeait l’aire une trée[3] accompagnée d’une dizaine de

  1. Échalier.
  2. Nom donné aux petits sentiers.
  3. Truie.