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dettes que d’avoir, ce qui fit que Boniface fut attrapé.

Il s’en consola facilement, car il n’était pas homme à se faire du chagrin. Sa femme lui tint lieu de servante, et il ne lui en fallait pas davantage. Il ne la rendait pas malheureuse, car elle faisait tout ce qui lui était agréable ; Boniface ne pouvait pas d’ailleurs être bien gênant : il ne rentrait chez lui que pour manger et dormir ; le reste du temps s’écoulait en promenades par les champs et les bois.

La pauvre Jeanne l’innocente, — comme l’appelaient aussi ses voisins, — avait besoin d’aimer, paraît-il, car toute son affection s’était reportée sur un animal avec lequel elle vivait presque exclusivement. Or, cet animal, le croirait-on ? était un cochon ! Elle partageait ses repas avec lui, le promenait sans cesse, le caressait comme si c’eût été un petit chien ou un angora, lui donnait les noms les plus tendres, et l’ornait de toutes sortes d’atours. Elle lui attachait des rubans aux oreilles, autour du cou, et allait jusqu’à lui faire porter des bagues à la queue.