Page:Contes de l Ille et Vilaine.djvu/117

Cette page a été validée par deux contributeurs.

pied, envoya son bonnet le plus loin qu’il put, courut après et alla s’asseoir dessus.

Saint Pierre eut beau l’appeler, il ne répondit pas. Les saints eux-mêmes, dont il gênait le passage, lui dirent de se ranger de leur place.

— Je n’occupe la place de personne, puisque je suis seulement assis, sur mon bonnet.

Tout à coup, la porte du paradis s’ouvrit, et l’on entendit crier :

— À quinze francs les trois moulins, personne ne dit mot ? à quinze francs les trois moulins, une fois, deux fois quinze francs ?

— Arrêtez, arrêtez, cria le meunier, c’est tout de même trop bon marché, je mets une surenchère, et il sortit du paradis.

Saint Pierre, qui venait de lui jouer un tour de sa façon, ferma aussitôt la porte à double tour et dit au bonhomme : « Je t’avais bien dit que les meuniers n’avaient point de place dans le ciel. »

(Conté par Fine Daniel,
cultivatrice au Houx en Bruz).