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établie entre une princesse et sa fille, ne cessait de me pousser à toutes sortes de procédés offensants contre la Cour. Enfin la Margrave perdit patience et me fit défendre de paraître chez elle. Je fus d’abord très affligé de ma disgrâce, et je tentai de reconquérir la faveur que j’avais pris à tâche de perdre. Je ne réussis pas. Tous ceux que cette faveur avait empêchés de dire du mal de moi s’en dédommagèrent. Je fus l’objet d’un soulèvement et d’un blâme général.

La colère et l’embarras me firent encore faire quelques sottises. Enfin, mon père, instruit de tout ce qui se passait par la Margrave, m’ordonna de le rejoindre à Bruxelles, et nous partîmes ensemble pour Édimbourg. Nous arrivâmes dans cette ville le 8 juillet 1783. Mon père y avait d’anciennes connaissances, qui nous reçurent avec tout l’empressement de l’amitié et toute l’hospitalité qui caractérise la nation écossaise. Je fus placé chez un professeur de médecine qui tenait des pensionnaires.

Mon père ne séjourna que trois semaines en Écosse. Après son départ, je me mis à l’étude avec une grande ferveur, et alors commença l’année la plus agréable de ma vie. Le travail