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leur motif, et je les chassai à grands coups de fouet.

L’un des deux hommes m’apostropha assez grossièrement. Je lui répondis de même, et lui demandai son nom. Il me dit en continuant les injures, qu’il s’appelait le chevalier Duplessis d’Épendes, et après nous être querellés encore quelques minutes, nous convînmes que je me rendrais chez lui le lendemain pour nous battre. Je retournai à Lausanne, et je racontai mon aventure à un de mes cousins en le priant de m’accompagner. Il me le promit, mais en me faisant la réflexion qu’en allant moi-même chez mon adversaire, je me donnais l’apparence d’être l’agresseur, qu’il était possible que quelque domestique ou garde-chasse eût pris le nom de son maître, et qu’il valait mieux envoyer à Épendes, avec une lettre pour m’assurer de l’identité du personnage, et dans ce cas fixer un autre lieu de rendez-vous. Je suivis ce conseil. Mon messager me rapporta une réponse qui certifiait que j’avais bien eu affaire avec M. Duplessis, capitaine au service de France, et qui d’ailleurs était remplie d’insinuations désobligeantes sur ce que j’avais pris des informa-