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homme n’a droit à la vérité qui nuit à autrui.

Voilà, ce me semble, le principe devenu applicable. En le définissant, nous avons découvert le lien qui l’unissoit à un autre principe, et la réunion de ces deux principes nous a fourni la solution de la difficulté qui nous arrêtoit.

Observez quelle différence il y a entre cette manière de procéder, et celle de rejetter le principe. Dans l’exemple que nous avons choisi, l’homme qui, frappé des inconvéniens du principe, qui porte que dire la vérité est un devoir, au lieu de le définir, et de chercher son moyen d’application, se seroit contenté de déclamer contre les abstractions, de dire qu'elles n’étoient pas faites pour le monde réel, auroit tout jeté dans l’arbitraire. Il auroit donné au systême entier de la morale un ébranlement dont ce systême se seroit ressenti dans toutes ses branches. Au contraire, en définissant le principe, en découvrant son rapport avec un autre et dans ce rapport le moyen d’application, nous avons trouvé la modification précise du principe