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le préjugé qui sera le destructeur ; le préservateur sera le principe.

Qu’on me permette encore un exemple. C’est un principe universel, également vrai dans tous les tems, et dans toutes les circonstances, que nul homme ne peut être lié que par les loix auxquelles il a concouru. Dans une société très resserrée, ce principe peut être appliqué d’une manière immédiate, et n’a pas besoin pour devenir usuel, de principe intermédiaire. Mais dans une combinaison différente, dans une société très-nombreuse, il faut joindre un nouveau principe, un principe intermédiaire à celui que nous venons de citer. Ce principe intermédiaire, c’est que les individus peuvent concourir à la formation des loix, soit par eux-mêmes, soit par leurs représentans. Quiconque voudroit appliquer à une société nombreuse le premier principe, sans employer l’intermédiaire, la bouleverseroit infailliblement : mais ce bouleversement, qui attesteroit l’ignorance ou l’ineptie du législateur, ne prouveroit rien contre le principe. L’état ne seroit pas ébranlé, parce qu’on auroit reconnu que chacun de ses