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tion s’attachera aux préjugés, car ce seront alors les préjugés qui attaqueront.

La doctrine de l’hérédité, par exemple, est un préjugé abstrait, tout aussi abstrait que peut l’être la doctrine de l’égalité. Mais l’hérédité, par cela seul, qu’existante, il avoit fallu organiser son existence, tenoit à un enchaînement d’institutions, d’habitudes, d’intérêts, qui descendoit jusques dans l’individualité la plus intime de chaque homme. L’égalité, au contraire, par cela seul qu’elle n’étoit pas reconnue, ne tenoit à rien, attaquoit tout, et ne pénétroit jusqu’aux individus, que pour bouleverser leur manière d’être. Rien de plus simple, après l’expérience du bouleversement, que la haine du principe, et l’amour du préjugé.

Mais retournez cet état de choses ; imaginez la doctrine de l’égalité, reconnue, organisée, formant le premier anneau de la chaine sociale, mêlée par conséquent à tous les intérêts, à tous les calculs, à tous les arrangemens de vie privée ou publique. Supposez maintenant la doctrine de l’hérédité, jetée isolément, et comme théorie générale, contre ce système, ce sera alors