Page:Constant - Des réactions politiques - 2nde edition.pdf/126

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

grand avantage, qu’étant la base des institutions , ils se sont trouvés adaptés à la vie commune par un usage habituel : ils ont enlacé étroitement toutes les parties de notre existence : ils sont devenus quelque chose d’intime : ils ont pénétré dans toutes nos relations ; et la nature humaine, qui s’arrange toujours de ce qui est, s’est bâtie, des préjugés, une espèce d’abri, une sorte d’édifice social, plus ou moins imparfait, mais offrant du moins un asyle. Chaque homme, remontant de la sorte de ses intérêts individuels aux préjugés généraux, s’est attaché à ceux-ci, comme aux conservateurs des autres.

Les principes, suivant une route précisément opposée, ont dû éprouver un sort tout différent. Les principes généraux sont arrivés les premiers, sans liaison directe avec nos intérêts, et en opposition avec les préjugés qui protégeoient ces intérêts. Ils ont pris ainsi le double caractère d’étrangers et d’ennemis. On a vu en eux des choses générales et destructives, et dans les préjugés, des choses individuelles et préservatrices.

Lorsque nous aurons des institutions fondées sur les principes, l’idée de destruc-