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c’est en elle que réside toute son utilité.

Les principes ne sont donc point de vaines théories, uniquement destinées à être débattues dans les réduits obscurs des écoles. Ce sont des vérités qui se tiennent, et qui pénétreroient graduellement jusques dans les applications les plus circonstancielles, et jusques dans les plus petits détails de la vie sociale, si l’on savoit suivre leur enchaînement.

Lorsqu’on jette tout-à-coup, au milieu d’une association d’hommes, un principe premier, séparé de tous les principes intermédiaires qui le font descendre jusqu’à nous, et l’approprient à notre situation, l’on produit sans doute un grand désordre ; car le principe arraché à tous ses entours, dénué de tous ses appuis, environné de choses qui lui sont contraires, détruit et bouleverse : mais ce n’est pas la faute du principe premier qui est adopté, c’est celle des principes intermédiaires qui sont inconnus : ce n'est pas leur admission, c'est leur ignorance qui plonge tout dans le chaos.

Appliquons ces idées aux faits et aux institutions politiques, et nous verrons pourquoi les principes ont dû jusqu’à pré-